Budget 2024 et bilan de la législature, le discours de notre cheffe de groupe, Sabine Roberty

20/12/2023 - 14:23
Groupe Socialiste du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles - Budget 2024 et bilan de la législature, le discours de notre cheffe de groupe, Sabine Roberty

Monsieur le Président,   

Mesdames, Messieurs les Ministres,   

Cher.e.s collègues,  

 

Tout d’abord,  

Je tiens à exprimer ma gratitude envers tous ceux qui ont contribué à la transparence de nos documents budgétaires et à la richesse de nos débats. Un merci sincère au Gouvernement et à ses collaborateurs, à mes collègues de parti et aux députés des autres groupes pour ces échanges constructifs tout au long de nos séances d'analyse budgétaire. Et bien sûr, un remerciement particulier aux services du Parlement, qui travaillent inlassablement pour nous assurer les meilleures conditions de travail.  

 

Je souhaiterais souligner l’importance de l’instant et du moment politique que constitue l’examen de ce tout dernier budget de la législature. 

 

Son importance dépasse largement la simple affirmation des positions approuvées par la majorité ou rejetées par l'opposition. 

 

Il vient éclairer utilement les grandes options et les choix décisifs qui ont été posés collectivement pendant ces 4 années.  

  

Chers collègues,  

Trouver la juste mesure est loin d'être aisé, d'autant plus lorsque les directives de l'Europe résonnent comme un écho à nos fenêtres, juste à côté des voix des citoyens qui nous expriment, légitimement, leurs besoins et leurs attentes. 

 

Selon le prescrit des traités européens, le déficit public d'un État de l'Union européenne ne doit pas dépasser 3 % de son produit intérieur brut (PIB). De manière complémentaire, la dette publique est également plafonnée à 60 % du PIB. Et pourtant, on a pu mesurer à quel point, pour garantir la résilience de la société et maintenir un filet de protection, le financement volontariste des missions de l’Etat était irremplaçable. C’est pourquoi nous ne pouvons accepter de revenir à une logique ou un diktat d’austérité pure et dure au détriment de nos secteurs publics. 

 

Nous devons, et c’est ce que fait notre Gouvernement, maintenir un volant d’action qui mise en permanence sur la solidarité et investit dans les missions des services publics qui assurent le progrès et l’émancipation de toutes et de tous. 

 

C’est le seul chemin pour résister aux crises, c’est le seul chemin pour élaborer un monde juste et pour faire sens ensemble. 

 

La preuve est sous nos yeux, au travers des réponses que nous avons apportées à la succession de crises traversée au cours de ces dernières années : 

 

Mars 2020 : La crise du Coronavirus  

Juillet 2021 : Les inondations en Wallonie  

Février 2022 : La guerre en Ukraine, qui a entraîné une crise énergétique  

 

À chaque étape, les responsables politiques et les majorités ont répondu de manière proactive, prenant des mesures décisives pour soutenir les secteurs touchés. En particulier en FWB, des budgets conséquents ont été débloqués, nous permettant de faire front commun et de veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte :  

Pour rappel : 

·       300 millions pour la Crise du Coronavirus  

·       27 millions pour les inondations  

·       150 millions pour la crise énergétique  

 

Ces choix budgétaires n’ont en rien compromis les politiques futures ou les engagements pris à travers la Déclaration de Politique Communautaire. En 2024 encore, l’Éducation, l’Aide à la Jeunesse, la Culture, l’Enseignement supérieur… tous ont vu leurs crédits en augmentation.  

 

Le déficit et la dette sont gérés de manière à ce que la situation reste sous contrôle et le pilotage budgétaire le plus optimal possible dans le contexte.  

Pour nos dépenses, rappelons que l'Éducation, la Recherche et la Formation captent plus de 75% des moyens. Dans le secteur de l'Éducation, des maternelles aux établissements supérieurs, la majeure partie de ces dépenses finance les salaires des enseignants. Réduire ces dépenses reviendrait à diminuer le nombre de nos enseignants, chose impensable pour nous Socialistes. 

 

Néanmoins, des outils efficaces ont été mis en place, tels que l'évaluation rigoureuse des dépenses via la Spending Review, la mise en place de Fédébudget, le renforcement des engagements sur plusieurs années, ainsi que la modernisation du système de paie des enseignants pour plus de soutenabilité de nos finances.  

 

La soutenabilité budgétaire et financière des politiques que nous menons et qui sont au cœur de la prospérité de demain, est en effet la garantie d’un futur prospère pour les Francophones. Aujourd’hui, le déclassement menace une part croissante de la population, et en particulier les jeunes. Brandir l’austérité équivaut à les condamner froidement. Nous ne l’accepterons jamais.  

 

Tout au long de cette législature, nous avons été les alliés constructifs du Gouvernement dans sa quête pour réduire les inégalités, avec un objectif clair : l'émancipation des francophones de Belgique. Chaque pas que nous avons fait, chaque mesure que nous avons soutenue, a été dictée par la volonté de forger une société plus équitable, où chaque citoyen.ne a la chance de s'élever, de s'exprimer et de s'épanouir pleinement. 

 

En matière d’enseignement, des budgets supplémentaires sont consacrés à un combat historique du PS : la gratuité scolaire. A partir de la rentrée prochaine, tous les élèves de la maternelle ainsi que les élèves de la 1ière à la 3ième primaire pourront bénéficier de la gratuité des fournitures scolaires. Il s’agit d’une avancée historique ! Nous resterons mobilisés et prendrons toujours nos responsabilités pour poursuivre le combat contre les inégalités.  

 

Nous saluons par ailleurs, les budgets dégagés dans le cadre de l’implémentation de l’accord sectoriel 2021-2024. Parmi ces mesures, l’augmentation du soutien aux directions du fondamental est essentiel afin qu’elles puissent assurer leurs missions et mettre en place les réformes du Pacte. Nous espérons que ces moyens dégagés permettront de répondre à leurs attentes. 

 

Parmi les mesures que nous voulons souligner figurent celles visant à aligner les rémunérations des puériculteurs et puéricultrices ayant les salaires les plus bas ainsi que la nouvelle indemnité pour le personnel ouvrier.  

A travers ce budget, le Gouvernement dégage par ailleurs des moyens en vue de lutter contre le décrochage scolaire. La crise sanitaire n’a fait qu’accentuer ce phénomène et il est indispensable de prendre le problème à bras le corps pour le bien-être de ces jeunes. Dans ce cadre, nous ne pouvons que soutenir l’augmentation des moyens dédiés aux SAS pour qu’ils puissent prendre en charge davantage de jeunes.   

 

Ce nouvel exercice budgétaire témoigne des nombreuses avancées réalisées tout au long de cette législature, une période qui fut particulièrement éprouvante pour nos enseignants et le personnel encadrant. Malgré les défis, nous avons progressé avec des réformes substantielles : l'instauration du tronc commun, l'accompagnement personnalisé, le renforcement de l'apprentissage des langues, la généralisation de l'EVRAS et la lutte contre le harcèlement scolaire. La liste est longue et témoigne de notre engagement. 

Nous sommes conscients que ces changements ont parfois généré des tensions. Pourtant, il est crucial de souligner que ces réformes étaient indispensables pour améliorer notre système éducatif et combattre les inégalités sociales.  J’ai a coeur de rappeler que, depuis le début de la législature, le Gouvernement (et plus précisément la Ministre Désir) s’est constamment montré à l’écoute et a maintenu un dialogue social construtif. Concertation que nous avons aussi, en tant que parlementaires, maintenue partout où nous le pouvons. 

 

Alors que nous entamons la dernière ligne droite de cette législature, il reste encore d’importants décrets à analyser. Je pense notamment à la taille des classes, à la lutte contre le décrochage scolaires, au renforcement de la démocratie scolaire, à la pénurie… autant de défis à relever et pour lesquels nous vous soutiendrons. 

 

Quoi qu’il en soit, nous pouvons d’ores et déjà affirmer que cette législatre laissera derrière elle une école profondément remodelée, une école tournée vers les défis de demain, une école mieux armée pour lutter contre les inégalités. 

 

En matière d’enseignement supérieur, notre groupe soutient l’action du Gouvernement en vue de son refinancement. Les 80 millions dégagés en 2024 doivent permettre de renforcer l’encadrement des étudiants afin de leur offrir un meilleur accompagnement. Un budget de 15 millions supplémentaires est débloqué pour les infrastructures universitaires une réponse concrète au manque de place dans certains auditoires.  

Enfin, les 6,4 millions supplémentaires alloués aux allocations d’études traduisent une mesure importante afin de lutter contre la précarité étudiante. Une précarité dont force est de reconnaître qu’elle a hélas encore progressé suite aux crises successives et ce, malgré l’action du Gouvernement qui devra donc persévérer plus que jamais.  

  

Jusqu’aux derniers jours de cette législature, notre groupe travaillera à ce que les recommandations contenues dans la résolution interparlementaire visant à lutter contre la précarité étudiante puissent être rencontrées. Ce texte constituera pour le groupe socialiste un fil rouge à suivre dans les prochains mois et prochaines années.  

  

Concernant la recherche, notre groupe se félicite des budgets supplémentaires débloqués. A travers ce refinancement, le Gouvernement reconnaît une nouvelle fois le dynamisme des chercheurs et la grande qualité des recherches menées dans les différents établissements d’enseignement supérieur. 

  

Sans transition,  

 

Avec le Ministre Daerden, nous avons soutenu le plus grand chantier de la législature. La rénovation de nos infrastructures scolaires, baptisée le "Décret Milliard".  

Ce chantier historique symbolise l'innovation et la durabilité, avec des écoles éco-efficaces, inclusives, et connectées, préparées pour l'avenir. Elles deviendront des exemples en termes d'éducation, de technologie et d'écologie. Nos écoles, reflets de notre engagement, sont destinées à devenir des modèles rayonnants pour la Fédération Wallonie-Bruxelles.  

  

Toujours de concert avec le Ministre Daerden dans notre lutte constante contre les inégalités et pour l'équité éducative, nous avons soutenu une initiative audacieuse : l'offre de repas chauds gratuits dans les cantines scolaires, une mesure qui s'étend maintenant à 403 établissements. Avec un budget alloué de 21,4 millions d'euros, cette action ne concerne pas moins de 32 000 élèves, leur garantissant non seulement un repas de qualité et le carburant nécessaire pour une journée d'apprentissage productive mais aussi l'assurance d'une égalité des chances au sein de notre système éducatif. 

  

Pour ce qui concerne l’Aide à la Jeunesse, les mesures étaient attendues par le secteur qui s’est manifesté pendant des mois pour solliciter des moyens financiers mais surtout humains pour pouvoir continuer leurs missions. L’augmentation de 52 millions d'euros au cours des cinq dernières années est une reconnaissance claire de l'importance d'investir dans la prévention et les services d'intervention en famille.  

  

La jeunesse est au cœur de nos préoccupations. Nous sommes pleinement conscients de l'impact brutal des récentes crises sur leur bien-être et, plus particulièrement, sur leur santé mentale. C'est en investissant dans leur bien-être aujourd'hui que nous bâtissons les fondations d'une société plus forte et résiliente pour demain.  

Et le port me direz-vous ? Le sport non plus n’a pas été oublié avec une évolution constante de ses crédits depuis le début de la législature. Je tiens à souligner les efforts du Gouvernement quant à l’accessibilité au sport pour tous mais surtout au sport pour toutes !  

  

J’en viens maintenant à deux autres piliers que mon groupe estime fondamentaux pour notre société : le secteur de la Petite Enfance et de la Culture. 

  

Le secteur de la petite enfance est le socle sur lequel repose l'avenir de notre Fédération. Chaque euro investi dans la prise en charge et l'éducation de nos plus jeunes citoyens est un investissement dans un avenir plus équitable et équilibré.  

  

Soutenir l’Enfance, ça signifie assurer un accueil de qualité pour tous les enfants, et donc continuer la mise en œuvre du Plan Cigogne. Ce n’est pas chose aisée. Mais la dotation de l’ONE a, à nouveau, été revue à la hausse cette année, avec une augmentation de 45 millions d’euros. Notre trajectoire : 5200 places supplémentaires d’ici 2026.  

Soutenir l’Enfance, c’est aussi et surtout soutenir les travailleurs, ces professionnelles qui assurent une fonction essentielle : les puéricultrices. La valorisation du travail, c’est un des premiers combats des socialistes. 

  

La Culture chèr.es collègues, c’est le pilier sur lequel se construit notre société. Elle transcende les barrières, elle donne une voix aux voix étouffées, elle forge les liens qui unissent nos citoyens et citoyennes.  Durant les diverses crises, aucun opérateur culturel n’a été laissé de côté. En ce sens, les fonds d’urgence et cellules de veille misent en place ont débloqué pas moins de 100 millions pour qu’aucun opérateur culturel ne mette la clé sous la porte.  

  

Soutenir la Culture sur le long terme, c’est refinancer à plus de 26 millions supplémentaires le renouvellement des contrats-programmes en Arts de la scène. Ainsi, plus de 400 opérateurs sont soutenus sur une durée de 3 à 5 ans. Ils apporteront bien-être et accès à la culture à toutes et tous. 

  

Qui dit accès à la Culture dit souvent « Infrastructure ». C’est pourquoi nous saluons les 19 millions maintenus pour la rénovation du patrimoine culturel de notre Fédération. Deux nouveaux opérateurs bénéficieront notamment de cette enveloppe : le projet d’une toute nouvelle bibliothèque à Morlanwelz, ainsi qu’une résidence d’artistes à Marchin. Par ailleurs, 48 millions d’euros ont été investis pour la rénovation énergétique des bâtiments culturels, afin qu’ils s’inscrivent dans une politique durable.  Finalement, parce que le Gouvernement a une vision sur le long terme, je voudrais saluer l’important travail qu’il a mené concernant le Master plan pluriannuel visant à rencontrer les objectifs de transition climatique et énergétique de l’entièreté du parc immobilier de la FWB. Afin de rencontrer les objectifs de la première phase à l’horizon 2030, un montant de 180 millions ont été préfinancés. Cela concerne ainsi les bâtiments de l’administration, de la culture, du sport, de l’aide à la jeunesse et des maisons de justice.   

  

En tant que socialiste, mon groupe comprend que l'équité, la solidarité et l'investissement dans le capital humain ne sont pas seulement des idéaux, mais des impératifs pragmatiques pour bâtir une société plus juste et résiliente. Dans chaque note de musique, dans chaque livre, dans chaque sourire d'un enfant, il y a une promesse d'avenir, un potentiel inestimable qui ne demande qu'à être cultivé. Et notre devoir, c’est d’investir suffisamment pour que tous nos citoyens et citoyennes y ait accès. 

  

En ce qui concerne les Médias, je souhaite mettre en lumière l’impact positif que nous voyons déjà suite à l’application du décret SMA en Fédération. Les éditeurs de service participent désormais ainsi à la production audiovisuelle indépendante. L’estimation des montants perçus en 2024 sont pratiquement 6 fois supérieurs à ceux perçus l’an dernier, pour atteindre 2,6 millions €, versés au Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel. Nous ne pouvons que nous réjouir de ce bel outil en faveur de la production audiovisuelles sur le territoire de la Fédération, et sa diffusion accrue sur les médias linéaires et non linéaires.  

  

Je souhaite maintenant aborder un sujet primordial, qui est au cœur des préoccupations de mon Groupe : les droits des femmes. Chaque jour, les femmes sont confrontées à des enjeux considérables et il est fondamental que nous restions attentifs à leurs réalités. Je pense notamment aux violences gynécologiques et obstétricales, à la persistance alarmante du harcèlement de rue, aux défis rencontrés par les mamans-solo et à la prise en charge de l’endométriose ; une question trop souvent négligée dans notre société. C’est afin de répondre à ces problématiques que mon Groupe suit de près la mise en œuvre du Plan droits des femmes ainsi que le Plan intra-francophone de lutte contre les violences faites aux femmes.  

  

Nous avons également soutenu avec force le décret contribuant à pérenniser le secteur associatif féministe, qui, on le sait, joue un rôle déterminant dans la lutte pour combattre les injustices et les discriminations subies par les femmes au quotidien.  

 

Cher.e.s collègues, j’en termine. 

 

Je tiens à réitérer l'engagement indéfectible du Parti Socialiste dans la lutte acharnée contre la pauvreté infantile, une cause que nous souhaitons élever au rang de priorité nationale. 

 

Depuis 2019, d'importantes avancées ont été réalisées au bénéfice des enfants de la Fédération Wallonie-Bruxelles : rénovation des sanitaires, investissements dans les infrastructures scolaires, gratuité du matériel et des cantines scolaires pour nos plus jeunes élèves, notamment ceux issus de milieux socioéconomiques défavorisés, et bien plus encore. Ces actions sont les pierres angulaires de notre engagement pour offrir à chaque enfant les fondations d'un avenir prometteur.  

 

Un pas décisif a été franchi pour soutenir nos jeunes dans leur parcours éducatif et professionnel : l'élimination de la discrimination entre étudiants boursiers et non boursiers.  

Chacune de ces mesures est une étape vers la dissolution de la pauvreté familiale, et donc infantile, au sein de notre communauté. 

 

Notre vision pour les dix à quinze prochaines années est claire et réalisable : l'éradication totale de la pauvreté des enfants. Ce n'est pas une utopie ; c'est une nécessité, et nous avons les leviers d'action pour y parvenir. Le budget que nous avons discuté aujourd'hui est une preuve vivante de nos ambitions et de nos réalisations. Mais le chemin est encore long, et notre détermination ne doit faillir à aucun moment. 

 

En unissant nos forces et en continuant d'investir dans des politiques ciblées, nous pouvons gagner ce combat. L'audace, la solidarité et la détermination doivent rester nos maîtres-mots pour garantir à chaque enfant un cadre de vie où la privation n'a pas sa place. 

 

Ensemble, avec la conviction que chaque action compte, que chaque investissement est un pas en avant, nous écrirons une nouvelle page de notre histoire, une page où la pauvreté infantile sera conjuguée au passé.  

 

Ensemble, il nous faut faire de l'élimination de la pauvreté enfantine non seulement un objectif possible mais une réalité visible pour chaque enfant de la Fédération Wallonie-Bruxelles.